La passivité des pays démocratiques indigne les antifascistes du monde entier. Le 1er octobre 1936, le premier noyau de volontaires appelés à former les Brigades Internationales arrive à Alicante. On en comptera 35.000 accourus d'Europe et d'Amérique pour défendre la jeune République Espagnole. 10.000 d'entre eux y feront le sacrifice de leur vie.
Par
EDOUARD WAINTROP, le
10/2/2000
Extrait
du Monde
diplomatique d'avril 1997 :
Peu après, alors que le gouvernement républicain n'avait réagi que de façon confuse au soulèvement du général Franco, André Malraux, à ses risques et périls, se présentait devant le président Manuel Azaña et lui faisait part de son intention de créer une escadrille aérienne, composée de pilotes volontaires. La raison de ce geste ? " Je suis convaincu, écrira-t-il, que les grandes manœuvres du monde contre la liberté viennent de commencer. "
De son expérience à la tête de cette escadrille naîtra un roman exemplaire : L'Espoir. Malraux y évoque une réalité concrète tirée de son vécu. Il accomplit le fameux désir de tout écrivain en parvenant à traduire littérairement des faits réels.
Le 18 juillet 1936 éclate la guerre civile espagnole. Au mois d'Août Lorca est fusillé à Viznar, près de Grenade. Neruda commence "L’Espagne au cœur"
En Février 1937 il prononce à Paris une conférence sur Federico Garcia Lorca et fonde, en Avril, avec César Vallejo le Groupe hispano-américain d’Aide à l’Espagne.
En 1939 Neruda est nommé consul à Paris, chargé de l’immigration au Chili des réfugiés espagnols. En Mars il passe par Montevideo où il assiste au Congrès international des Démocraties, comme délégué de l’Alliance des Intellectuels chiliens. Puis en Avril-juillet il effectue des démarches en faveur des réfugiés espagnols;
1936 | Février | Le Front Populaire (républicains, socialistes, communistes, syndicats, POUM) gagne les élections. |
18 Juillet | Les troupes basées au Maroc se rebellent en premier. Dans toutes les casernes d'Espagne la rebellions éclate. Début de la Guerre d'Espagne. | |
19-20 Juillet | L'insurrection militaire est neutralisée par le peuple à Barcelone et Madrid, mais pas en Andalousie et en Navarre. | |
30 Septembre | Création d'une armée populaire. Jusqu'alors, la défense était assurée principalement par les milices syndicales. | |
12 Octobre |
Arrivée de la première aide soviétique. | |
6 Novembre | Devant la très rapide avancée des troupes franquistes (qui en passant délivrent les rebelles enfermés dans l'Alcazar de Tolède), le gouvernement déménage à de Madrid à Valencia. Pourtant, les fascistes vont se casser les dents sur Madrid pendant des mois, et n'arriveront pas à y entrer. | |
1937 | 3-7 Mai | A Barcelone, anarchistes et membres du POUM s'affrontent avec les communistes (qui contrôlent l'Armée Populaire et la Police). NB: la scène est décrite dans "Land and Freedom". |
16 Juin | Le POUM est interdit, ses leaders sont arrêtés. | |
1938 | 14 Avril | La zone républicaine est coupée en deux par les fascistes. |
24 Juillet | Massive offensive républicaine de l'Ebre. | |
26 Novembre | Fin de la bataille de l'Ebre. L'Armée Populaire doit reculer | |
1939 | 26 Janvier | Chute de Barcelone, des centaines de milliers de républicains fuient vers la France |
27 Mars | Chute de Madrid. | |
1er Avril | Fin de la Guerre d'Espagne. |
Dés la fin 1936 la guerre d’Espagne a pris un caractère d’atrocité extrême (ex. massacre de Guernica - 26 avril 1937 -), dont rend compte toute une production culturelle, du Guernica de Picasso aux Présages de la guerre civile de Dali, Pour qui sonne le glas d’Hemingway, Les grands cimetières sous la lune de Bernanos, L’espoir de Malraux, Espana en el corazon de Pablo Neruda
1937, les allemands, alliés des nationalistes, détruisent un village Guernica avec tous ses habitants (dessin de Picasso).
Le jour, le 26 avril, a été bien choisi : le Lundi est le jour du marché à Guernica, les rues sont remplis des habitants de la ville et des villages voisins ; dans la ville de 7000 âmes il y a aussi 3000 réfugiés de la région d'Irun et de Santander. Après l'expérience de Durango on avait pris des mesures pour la défense anti-aérienne. Mais les abris étaient insuffisants pour la ville surpeuplée.
À trois heures et demi les cloches des églises sonnent l'alarme. Cinq minutes plus tard un bombardier Junkers Trimoteur apparaît, survole la ville à basse altitude et lâche six bombes lourdes. Après cinq minutes un deuxième avion vient jeter six bombes au centre de la ville. Un quart d'heure plus tard apparaît un groupe de trois avions, qui commence le travail de destruction systématique.
À sept heures du soir il ne reste de Guernica plus que quelques vieux bâtiments particulièrement résistants. Le chêne saint, le symbole des Basques, élève ses branches noirs au-dessus d'une ville morte. Des dix mille habitants, plus de 800 sont morts, plus de 3000 sont blessés.
La milice populaire républicaine attendait l'ennemi dans la plaine, à peine armé, pour résister ou mourir. Les avions jettent des bombes d'une altitude inaccessible. Ils sont descendus et ont ouvert le feu à la milice avec des mitrailleuses. Seulement quand les défenseurs ont été décimés, « les sections d'assaut » ont avancé. Avant qu'elles se soient engagées dans un village, un bombardement aérien a forcé les habitants de se réfugier dans les champs, dans les montagnes, dans la mort. En Octobre 1936 le gouvernement espagnol disposait d'un seul avion bombardier. Avec l'aide de Hitler et de Mussollini Franco en a eu plusieurs centaines.
Dans toutes les usines les hommes se réunissent, pour partir au front ensemble sur des camions. Ils sont accompagnés de leurs épouses, de leurs enfants. En plus d'un petit sac, chacun a une couverture, autrement ils portent leur vêtements de travail. Voiture après voiture quitte Barcelone, en direction Taragone-Tortosa, où on combat les fascistes.
Franco n'a pas réussi à démoraliser les Espagnols, il les a rendu plus décidé que jamais à détruire cet assassin fascisme.
Soldat instruis-toi
Cannibalisme
de l'automne, 1936 ; huile sur toile. « Ces êtres
ibériques, s'entredévorant en
automne,
expriment le pathos de la guerre civile
considérée comme un
phénomène
d'histoire naturelle à l'opposé de Picasso qui la
considérait comme un
phénomène politique".
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