A partir de 1931, la France subit durement les retombées du «krach du jeudi noir » qui s'est produit en 1929 aux États-Unis: la crise économique et sociale s'aggrave. Bienvenus au lendemain de la Première Guerre mondiale, quand on attendait d'eux une contribution efficace au relèvement du pays, les étrangers font désormais figure de « concurrents indésirables de la main-d’œuvre nationale » menacée par le chômage.
Le Front populaire s'effondre. Sur le plan international, la situation s'aggrave sans cesse et la menace d'une guerre imminente se fait de plus en plus pressante depuis que les troupes allemandes ont envahi l'Autriche, dans la nuit du 11 au 12 mars 1938. Le 14 avril 1938, c'est-à-dire le jour même de l'entrée en fonction du gouvernement Daladier, le ministre de l'Intérieur Albert Sarraut adresse aux préfets une circulaire dans laquelle il souligne la nécessité de « mener une action méthodique, énergique et prompte en vue de débarrasser notre pays des éléments étrangers indésirables qui y circulent et y agissent au mépris des lois et des règlements ou qui interviennent de façon inadmissible dans des querelles ou des conflits politiques ou sociaux qui ne regardent que nous ». Les réfugiés doivent s'engager à respecter une neutralité absolue.
Pourtant, la politique du gouvernement français à l'égard des étrangers se durcit encore. Le décret-loi du 12 novembre 1938 aggrave les dispositions du mois de mai. L'assignation à résidence -- qui était déjà prévue par le décret-loi du 2 mai -- est complétée par l'institution de centres d'internement. On prévoit qu'en cas de mobilisation, tous les étrangers de sexe masculin âgés de dix-sept à cinquante ans devront être concentrés dans le plus bref délai possible dans des centres de rassemblement pour étrangers.
Le décret-loi du 12
novembre 1938, en précisant plus
nettement les intentions du gouvernement Daladier qui se
félicite que
" le contrôle et la surveillance [des
étrangers] sont maintenant
assurés, sur le territoire, dans des conditions
jusqu’ici jamais
réunies ", prévoit la
création de " centres spéciaux de
rassemblement ".
L’article 1 du décret-loi du 18 novembre 1938
stipule : " Les
individus dangereux pour la Défense nationale et pour la
sécurité publique
peuvent, sur décision du préfet, être
éloignés par l’autorité
militaire des
lieux où ils résident et, en cas de
nécessité, être astreints à
résider dans un
centre désigné par décision du
ministère de la Défense nationale et de la
Guerre et du ministre de l’Intérieur ".
Président du Conseil de
1938 à 1940, Daladier concrétisa la rupture des
radicaux avec le Front populaire. Affirmant vouloir
«remettre la France au
travail».
Après la signature du pacte
germano-soviétique en août 1939, le
gouvernement Daladier fit prononcer la dissolution du Parti communiste
français, dont les députés allaient
être arrêtés en 1940
Les
accords de Munich sont
des accords signés par l'Allemagne, l'Italie, la France et le Royaume-Uni à Munich, les 29-30 septembre
1938,
par lesquels Adolf
Hitler put
annexer le territoire de langue allemande des Sudètes, une région de Tchécoslovaquie
frontalière de l'Allemagne. Après l'Anschluss de l'Autriche, en mars 1938, ces accords, qui
marquèrent le recul des
démocraties face à l'expansionnisme
hitlérien, sont considérés comme une
étape
déterminante dans la marche vers la Seconde
Guerre mondiale.
Ce
sont ces accords qui ont été
déterminant dans l'emprisonnement des
républicains et communistes espagnols et français.
En Avril 1939, près de 100 000 personnes franchirent ce col pour fuir la politique
nationaliste
d'alors ;
cette retraite des républicains porta le nom de " Retirada
"
Récit :"Mon grand-père a
emprunté, ainsi que de nombreux
réfugiés, un chemin dans la montagne et a une
nouvelle fois pris la route de
l'exil. D'un côté comme de l'autre, on ne
distinguait pas l'extrémité de la
colonne de réfugiés : l'hémorragie
humaine de l'Espagne semblait se poursuivre
sans fin.Quand mon grand-père a atteint la
frontière, les gendarmes lui ont
indiqué la direction du camp
d'Argelès-sur-Mer."
Retirada |
(chanson) |
|
Quand vous êtes arrivés Ils n' vous attendaient pas Ils auraient préféré Vous
voir rester là-bas. |
Ils vous ont rassemblés Sans abri sur la plage Derrièr’ des barbelés Tout
près des marécages. |
|
|
C’était en février Mill’ neuf cent trente neuf Il valait pas bézef Ce
monsieur Daladier. |
La pluie glace l’espoir Le froid mord et vous pique Et l’eau saumâtre à boire Qui
vous fout la colique. |
|
|
Loin des siens le moral Sombre, les jours défilent Et les plaies guériss’nt mal Quand
on est en exil. |
C’était y a soixante ans Ici en Roussillon Ca s’appelait comment ? Camp
de concentration. |
|
|
C’est aujourd’hui papa Tes quatre-vingts printemps On est tous avec toi Espagnols
catalans. |
|
|
La section
Creil-Persan -Beaumont fait partie de la première ligne
Paris-Creil, ouverte en
1846.
Elle est établie à double voie,
électrifiée et ouverte au trafic
voyageurs.
Elle descend la vallée de l'Oise.
Il fut
emprisonné la
prison de la Santé juste après
le
directeur général de la musique national espagnol
: José Castro Escudero
en même temps, furent arrétés :Lopez
Peña, Miret Mistre, Forensa
Marti, Campillo Barrera, Della Torre Campos, Gil Ballestra, Armengol
Bosh
Accusés de "Complot communiste" 12
Mai 1940
"Accusés
d'avoir
commis des actes de nature à nuire à la
Défense Nationale, pour avoir, à Persan
Beaumont, en Mars et Avril 1940, et en tout cas depuis un temps non
décrit, se
trouvant au camp des réfugiés espagnols
à la 22 ième Cie des Travailleurs
espagnols, tentés d'entraver l'activité du
travail de ladite compagnie par des
plaintes et protestations insidieuses et concertées tendant
notamment par des
menaces de grève à amener le ralentissement ou
même la cessation du travail
dans leur chantier travaillant pour la Défense Nationale"
Sous
Vichy, s'élabore
une politique à l'égard des étrangers.
Après la loi sur le statut des juifs
mettant tous les Juifs au ban de la société, la
loi du 4 octobre 1940 sur
"les ressortissants étrangers de race juive" permet
d'interner
ceux-ci dans des camps spéciaux par décision du
préfet du département de leur
résidence". La loi du 27 septembre 1940 concernant les
autres étrangers
non juifs, règle le sort des "étrangers en
surnombre dans l'économie nationale"
: l'étranger est soumis à une surveillance
étroite et n'a plus le droit de
libre circulation sur le territoire et ne
bénéficie pas de la législation du
travail.
26 septembre 1939 Décret portant dissolution du Parti communiste et des organisations affiliées (Journal officiel, 27 septembre 1939). Entre septembre 1939 et mars 1940, 620 syndicats et 675 associations où siégeaient des communistes seront dissous, 2.778 élus déchus de leur mandat, 3.400 arrestations effectuées et 3.000 sanctions prises contre des fonctionnaires
Il resta un mois à la prison de la Santé puis fut transféré vers le camp de Gurs
Les pantouffles volaient dans l'azur famélique
Aux bruits entrelardés de mâles abricots
Et les homards volant à l'entour des portiques
Afin de mieux y voir retiraient leur tricot.
Soudain je vis venir mon oncle d'Amérique
L'oeil vélocipédique et rempli d'asticots
Tenant sur un plat d'or des bémols arthritiques
Et les poches bourrées de vieux os de gigot.
Alors je suis monté, mixte, sur l'impériale
Le baromètre en fleur à contracté la
gale
Et passé de rechef de la vie à trépas.
Les péritoines bleus s'enfuyaient en déroute
Et le pétrole, assis sur le bord de la route,
Regardait d'un oeil torve et ne comprenait pas.
Anonyme
Le camp de Gurs, petit village du Béarn, où un million de prisonniers sont morts entre 1939 et 1945 (principalement des Espagnols ayant fui le fascisme, mais aussi des Autrichiens, Tchèques, etc… antifascistes et communistes français.
Dans ces camps règnent des conditions de détention déplorable : les barbelés, les soldats avec des chiens bergers, les baraquements hâtivement bâtis, l'absence de fenêtres, les WC éloignés… Les baraques sont surpeuplées, peu ou pas chauffées, les installations sanitaires insuffisantes, la nourriture extrêmement frugale. Autre chose frappait dans l'attitude des internés: certains étaient soignés, propres, sur pied, d'autres restaient étendus, ils abdiquaient et se laissaient mourir. C'était insoutenable.
Qu'est-il advenu d'Argelès-sur-Mer, le premier camp, et de Gurs, l'un des derniers édifiés, au sujet duquel Aragon écrivait : " Gurs, une drôle de syllabe, comme un sanglot qui ne sort pas de la gorge... "
Un peu plus loin, sous un appentis évoquant l'architecture concentrationnaire, une plaque de bronze scellée à l'horizontale rappelle de nouveau les " données " d'une horreur qui s'est déroulée dans ce hameau d'aujourd'hui quatre cents habitants.
L'Etat a planté une forêt sur le camp, une forêt balafrée par une allée centrale le long de laquelle des panneaux fléchés, non encore délavés, désignent l'emplacement des îlots, des baraques, des bureaux d'intendance, l'infirmerie, etc., et ces panneaux fléchés montrent des arbres...
Dans une clairière, des groupes de jeunes, Français et Allemands, ont modelé de faux rochers peints en blanc, avec cette objurgation : " Ne détournez pas les yeux. "
Daniel Mayer écrit en 1991 : Je me suis à la fois trop attardé et pas assez sur cette période pour indiquer dans quel esprit pouvaient se trouver les républicains français qu'ils soient ou qu'ils ne soient pas partisans de la non-intervention, ils étaient dans les deux cas partisans de la victoire de Madrid, de la victoire du gouvernement républicain, et dans quel esprit ils sont lorsqu'ils voient arriver ces hordes misérables, malheureuses et en même temps pleine de dignité, nous en reparlerons tout à l'heure la dignité espagnole c'est presque un pléonasme, c'est quelque chose d'extrêmement important pour le peuple espagnol, la dignité dans tout y compris les vêtements, les ornements... une espèce de fierté qui se dégage des personnages.
Alors, voir arriver ces bandes misérables, sans nourriture, sans hygiène, ayant combattu jusqu'au dernier moment et n'ayant franchi, les larmes aux yeux, qu'à la dernière seconde la frontière pyrénéenne, c'est à la fois pour les républicains français et surtout pour les socialistes un spectacle de désolation, mais en même temps quelque chose qui peut inspirer... le remords : "Est-ce que nous n'avons pas été insuffisants à leur égard ? Est-ce qu'on n'aurait pas pu davantage les aider ? Est-ce que nous avons bien fait ce qu'il fallait ? ..."
Et, à ce moment-là, on se trouve en présence d'un phénomène qui malheureusement est un phénomène courant, universel, et qui n'a pas encore disparu, c'est qu'on considère tous ces Espagnols comme des étrangers, au sens le plus péjoratif du terme, et qu'on les interne pour la plupart dans des camps, camps proches de la frontière, camp de Gurs, camp de Rivesaltes, où ils connaissent un sort difficile.
…
Mais ceux qui ont encore confiance
dans la France, qui ont
confiance, d'une manière générale,
dans la démocratie, qu'elle soit française
ou espagnole, demeurent à Paris. Et c'est à
Paris, en liaison avec le Mexique,
que se situe et que s'installe le gouvernement républicain
espagnol, qui
incarne la solidarité, et qui incarne surtout le non
définitif donné à tout ce qui
n'est pas république en Espagne, la lutte contre Franco.
Un homme comme Julio Just est ministre de l'intérieur, ensuite il deviendra président, mais la plupart du temps, il est ministre de l'intérieur de ce gouvernement espagnol, et son travail est double.
Il est en liaison avec les antifranquistes demeurés en Espagne, et ces liaisons doivent être évidemment d'une discrétion qui évitera le garrot à ses correspondants espagnols, et, en même temps, il intervient auprès du gouvernement français pour organiser, légaliser, la situation des réfugiés Espagnols.
Et ce travail sera un travail énorme; pendant quelque temps, les Espagnols obtiennent du gouvernement français une radio dite clandestine mais qui peut encore aller jusqu'en Espagne.
Si j'ai bonne mémoire, c'est Antoine Pinay qui supprime cette radio, ce qui est d'un effet moral très dur, très difficile pour les républicains espagnols.
Et ces républicains espagnols, ce gouvernement, qui a son siège avenue Foch, incarnent à mes yeux, ce que je disais tout à l'heure, la dignité du peuple espagnol.
Les difficultés, connues, et que nous connaissions, de la plupart des membres bénévoles naturellement, de ce gouvernement républicain, étaient grandes. Ils faisaient des traductions çà et là, ils travaillaient ... un homme comme Valera travaillait comme interprète dans une maison d'édition, un peu partout il faisait de petits travaux, des travaux d'écriture - c'était vraiment extrêmement difficile.
Il
y a eu leur participation à la
Résistance (il y a un monument à Annecy
à la gloire des Résistants, des
réfugiés espagnols qui ont travaillé
dans le maquis), à la fin de la guerre,
l'immense déception - car nous étions un certain
nombre à penser, et l'on
n'avait pas l'impression que c'était de l'imagination pure
mais au contraire
quelque chose de normal, qui allait de soi, qu'après la
chute de Hitler et de
Mussolini, ce serait la chute de Franco.
Le camp dit « centre d’hébergement surveillé » de Gurs (Pyrénées Orientales), comprenant surtout des étrangers, essentiellement les républicains espagnols mais aussi des juifs allemands (photo tirée de L’Histoire Spécial L’année 1940, n° 129, janvier 1990, page 107)
La carte des camps
(tirée de L’Histoire
Spécial L’année
1940, n° 129, janvier 1990, page 106)
Nous
étions interné à la prison de
la Santé en tant que prisonniers politique suite
à la Loi Daladier
Puis il y eu l'exode, en
descendant dans le Sud, nous avons fait une halte à Avord,
puis, de là, nous
fûmes transporté en autobus à Bordeaux.
Nous sommes arrivé au camp de Gurs
le 21 Juin 1940.
Nous fûmes placé dans l'ïlot B,
les îlots étaient constituer de 20 à 25
baraques pouvant contenir jusqu'à 55
personnes. Tous les prisonniers étaient alors
mélangés, les politiques avec les
droits communs.
Nous nous sommes évadés du camp le
29 Septembre 1940 en compagnie de Jean Ricoux et Antonio
Peña que nous
appelions Tonio.
Nous avons marché toute la nuit ,
il faisait très froid et nous avons franchis la ligne de
démarcation au niveau
de la rivière traversant
le Moléon à une
vingtaine de kilomètre de Gurs.
Nous avons marché 45 kilomètres
environ puis, nous avons été repris au petit
matin à Bidache, car des gens nous
ayant vus nous laver sous un pont nous ont
dénoncé.
De là, je fus transféré à
Fronteveau et je
fus condamné à 12 mois de prison .
Lorsqu'il l'apprit, Tonio écrivit à ma
mère afin de lui conseiller de faire
appel. Ce que je fis dés que je reçu sa lettre,
et qui du reste, m'a certainement
sauvé la vie.
Chemin emprunté dans la nuit du 29
au 30 Septembre 1940 lors de l'évasion du
caps de Gurs
Evasion du camp le 29 Septembre 1940 puis capture et internement à la prison de Bayonne appelée aussi "Villa Chagrin"
Léon Moussignac a
écrit un livre tirés a quelques
exemplaires seulement
dans lequel il retrace cette période et son
séjour au camps de Gurs :
"Le radeau de la Méduse"
Passage dans lequel il nomme mon père et ses amis :
C'était un petit camp, entouré d'une haute palissade, de fils barbelés et de miradors. Presque rien à manger. Aucune hygiène. Pas d'infirmerie. Un camp de passage. Je n'y ai jamais vu d'Allemands.Uniquement des Français.
Il y régnait une promiscuité affreuse. Ils étaient désoeuvrés. Il y avait au camp de Mérignac le camp des républicains espagnols, le camp des juifs et également le camp des droits communs, mais ils n'étaient pas mélangés. (...)
PAPON
Maurice Papon a été condamné le 2 avril 1998 à "dix ans de réclusion criminelle" pour "complicité de crimes contre l'humanité". Il s'est pourvu en cassation et il est sorti libre du plus long procès qui se soit tenu aux assises en France.
La Cour de Cassation a décidé jeudi 21 octobre 1999 de déchoir Maurice Papon de son pourvoi en cassation en l'absence de l'accusé, en fuite à l'étranger. Le Parquet général de la Cour d'appel de Bordeaux a donné l'ordre à tous les services de police et de gendarmerie de le rechercher sur l'ensemble du territoire, et une diffusion internationale de cet avis de recherche a également été effectuée via le système Schengen et Interpol. Le vendredi 22 octobre, Maurice Papon a été arrêté en Suisse.
Mon père fu libéré le 22 Aout 1944 par un arrété préfectoral du 20 Aout 1944
"Je soussigné DOCTEUR ROBERT‑MAX CAPLAT, médecin‑commandant de réserve,
ancien médecin chef du sous secteur C ( Dordogne‑Sud et de l'Inter‑Région B F.F.I.,
certifie que durant l'année 1943 et 1944, J'ai effectué à deux reprises pour quelques jours
le remplacement du DOCTEUR GAYOUT de Mérignac, qui était alors chargé du service
sanitaire du camp de Mérignac, ceci en accord avec lui et sur ordre du DOCTEUR PODEIC"
chef du S.R. de la région B. J'ai à cette occasion passé la visite au détenu politique Monsieur
PENA DIAZ ANTONIO et l'ai trouvé dans un état de maigreur extrême due à une longue
sous‑alimentation et j'ai pû également constater qu'il portait des marques de coups sur le corps.
Monsieur PENA DIAZ conservait malgré les sévices subis un état moral inattaquable et une foi
calme et inébranlable dans notre victoire future et la défaite de nos ennemis.
autres détenus et se signalait ainsi à la vindicte des autorités."
Fait à Biarritz pour
valoir ce que de droit
le Vingt
six
juin l'année mil'neuf cent cinquante six
Dés sa liberation, mon père prit une part active dans la résistance et fut un des premier a entrer dans la ville de Bordeaux le 28 Août 1944, le jour de la liberation, à bord d'un camion Allemand qu'ils avaient volé en attaquant quelques militaires de la Wehrmacht.
Dans la nuit du 27 au 28 août 1944, les derniers échelons des forces de la Wehrmacht quittent Bordeaux et s'enferment dans la forteresse de la Pointe de Grave
La
libération de Bordeaux :
La
vraie négociation est
faite par un chef de la Résistance, le commandant FFI
Rougès, dit «Segour»,
tenu au courant des tentatives du maire Marquet par un informateur. Il
se rend
d'abord avec son adjoint, Pierre Soulé, dit
«capitaine Pierrot», auprès du
colonel Adeline, qui commande les maquis de Dordogne et
s'apprête à marcher sur
Bordeaux. Celui-ci accepte la négociation.
Rougès
rencontre en terrain
neutre Kühnemann, désormais chargé de
commander aux derniers éléments en
retraite. Il est convenu que trois régiments de la division
auront quitté la
ville dans la nuit et que le dernier régiment sera parti
dimanche 27 août, au
plus tard à 0 heure. Les FFI pourront alors se mettre en
marche, lundi 28 au
matin. Certains capitaines FFI expriment leur colère. Ils
auraient voulu
attaquer les Allemands, les chasser de la ville, au lieu de les laisser
partir
benoîtement, aux termes d'un accord qui n'est pas de
capitulation. Mais avec
quelles forces? Auraient-ils pu lutter contre 30 000 hommes
armés de
canons, d'obusiers, de lance-flammes et de lance-grenades?
Il
n'importe. Les unités de
la Résistance entrent triomphalement dans une ville non
détruite, entièrement
évacuée par l'ennemi. La population, mardi 29
août, organise spontanément sa
fête de la Libération. A la préfecture,
Sabatier, en fuite, est remplacé par
Cusin. Selon le vœu du général de
Gaulle, les choses rentrent dans l'ordre
républicain.
Puis mon père s'engagea dans le groupe espagnol des FFI :
Les Forces
françaises de l'intérieurest
le nom donné en 1944 à l'ensemble des groupements
militaires clandestins
qui s'étaient constitués
dans la
France occupée (Armée secrète,
Organisation de
résistance de l'armée, Francs-tireur , Partisans
etc.).
Les FFI, placées en
mars 1944
sous le commandement du
général Koening, jouèrent un
rôle non
négligeable dans la préparation du
débarquement de
juin 1944 et
dans la
libération du territoire français.
Présents dans les maquis du sud de la France, dans les groupes FFI, FTP, MUR ou dans des groupes autonomes (le bataillon Libertad dans le Cantal, le maquis Bidon 5 en Ariège, dans le Languedoc-Roussillon...), nos compagnons, par centaines, poursuivirent sur le sol de France la lutte qu'ils avaient menée contre le fascisme espagnol.
Une lutte pour la libération sociale des individus, une lutte révolutionnaire.
Fondé en 1944 par les résistants républicains espagnols, cet hôpital toulousain - qui porte aujourd'hui le nom du Professeur Joseph Ducuing - demeure le symbole de leur engagement dans les maquis et les armées de la France libre.
===> Je me souviens
Les troupes allemandes, plusieurs milliers de soldats, avaient reçu pour mission de s'opposer à l'entrée des navires alliés dans l'estuaire de la Gironde et de tenir coûte que coûte la Pointe de Grave. Le mur de l'Atlantique, dont le Médoc, était bardé de blockhaus puissamment défendus, la région était truffée de mines et de secteurs inondés (les nazis avaient ouvert les écluses). Alors que le siège de la Pointe de grave débutait le 25 août 1944, le port de Bordeaux et sa ville étaient libérés le 28 août 1944. Les alliés en route vers Berlin ne passèrent pas par le Médoc, nous étions l'armée des oubliés, notre région fut libérée par un regroupement de différents corps francs du grand sud-ouest constitués de résistants F.T.P et F.F.I., dont de nombreux républicains Espagnols, encadrés par l'armée de la France libre et rejoints par les tirailleurs d'Afrique du nord (Algérie et Maroc) et d'Afrique Noire (Somalie).
«Reconquistada de
España »
Voilà soixante ans les républicains espagnols étaient en première ligne pour libérer la France. Les puissances de l’Axe, Allemagne, Italie, Japon étaient acculées à la défensive. Dans ces conditions il était bien normal de tenter d’abattre le régime que Franco avait imposé quelques années auparavant grâce au soutien d’Hitler et Mussolini.
A la fin de l’été et au
début de l’automne 1944, des milliers
d’anciens
combattants républicains espagnols se rassemblent dans le
sud-ouest de la
France, à l’appel de l’Union Nationale
Espagnole (Unión Nacional Española,
UNE), sous l’égide du Regroupement des
Guérilleros espagnols
L’Union Nationale Espagnole avait été
lancée en 1941 ; son premier journal, «
Reconquête de l’Espagne
» était
paru le 1er août 1941. Son objectif
était de rassembler toutes les forces antifranquistes en vue
du rétablissement
de la démocratie en Espagne. Dans cette perspective, la UNE
donna une impulsion
majeure à l’engagement des républicains
espagnols dans la Résistance française.
Dés juin 1942, la UNE annonçait coordonner 108
comités en France. Parallèlement
au renforcement des
activités de la résistance
en France, du matériel et des hommes sont envoyés
vers les maquis de l’intérieur
del’Espagne. Par exemple, Jesús
Monzón, l’un des initiateurs de l’Union
Nationale Espagnole, quitte Paris pour
s’installer à Madrid dés 1943, en vue
de développer « la UNE » et
l’Armée
guérillera (« El Ejército
Guerrillero ») en Espagne même.
Le nombre de
guérilleros qui
pénétrèrent en Espagne cet automne
1944 n’est pas connu avec certitude. On
estime que l’effectif disponible pour cette
pénétration était de l’ordre
de 10
000 à 15 000 hommes, répartis tout le long des Pyrénées.
Selon l’historien Francisco Moreno
Gómez (« La resistencia armada contra
Franco », Ediciones Crítica,
Barcelona, 2001) l’ordre militaire de lancement de
la pénétration fut émis
le 21 septembre 1944, depuis le quartier général
de « la AGE » à Montréjeau,
par le général Luis Fernández («
General Luis »). L’action principale
prévue était la pénétration
et l’occupation du Val d’Aran ; dans cette zone le
commandement de 3500 à 4000 guérilleros fut
confié au colonel Vicente
López Tovar.
L'OPERATION
MILITAIRE DU VAL D'ARAN
Le 19 octobre 1944, 3500 à
4000 guérilleros - commandés par
Vicente Lopez Tovar, chef de la 204e Division,
lieutenant-colonel FFI -
pénètrent en Espagne par le Val d'Aran
jusqu'à
Viella, capitale de la petite vallée,
dans l'intention
d'y déclencher un
soulèvement
antifranquiste.
Mais les soldats de Franco (45 000
hommes) les "accueillent", munis
d'armes lourdes.
Craintive, la population aranaise ne se manifeste
guère en
faveur des guérilleros.
C'est
l'échec et le repli
vers la France est ordonné dès le 28 octobre.
Quelques
mois plus tard, en juin 1945, l'U.N.E. décide
son auto-dissolution.