J’allais
souvent au Trait d’Union, c’était un
camp de
naturistes de l'association « amitiés
internationales » dans la
vallée de Chevreuse, à quelques
kilomètres
de Paris.
J’y rencontrais des intellectuels, des artistes, des
hommes politique
exilés , c'est là que
j'ai rencontré Léopold
Sédar Senghor,
qui fut plus tard Président du Sénégal et
a beaucoup
écrit sur « la
Négritude » .
Puis j’ai été appelé
en Espagne pour faire mon service militaire à
La Remonta Oubeda en
Andalousie.
J’y ai
dressé des
poulains pour les régiments de cavalerie de
l’armée nationale..
Après mon service militaire, j’ai
profité de mon voyage de
retour sur Paris pour
visiter quelques
villes d’Espagne, Séville, Cordoue, Malaga,
Grenade, Madrid.
De retour à Paris, j’ai recommencé
à fréquenter les cafés
branchés et le milieu de
la
Franc-maçonnerie.
Il y avait beaucoup de personnes que l’on côtoyait
qui
n’avait pas de domicile fixe et qui habitait les uns chez les
autres tel que le
peintre Atlan . Nous vivions « la
bohème ».
Fin juillet 1936, j’avais 23 ans, la guerre
d’Espagne a
commencée, je me suis immédiatement
engagé en tant que brancardier dans les
troupes Républicaines Espagnoles contre Franco.
Au début, j'étais dans le service sanitaire de
montagne ou l'on
transportait les blessés avec des
mules là ou les ambulances ne pouvaient pas passer. Puis, du
front d’Aragon, je
fus appelé à l’école des
commissaires de Barcelone puis ensuite à
l’école
supérieure de guerre.
A 23 ans j’étais nommé commandant de
bataillon avec 800
hommes à mon service 4 compagnies
d’infanterie un service d’intendance, un service
sanitaire, des mitrailleuses
etc...
Une fois la guerre terminée, Franco ayant gagné,
nous, les
républicains, fûmes tenus de partir et de venir
nous réfugier en France .
Nous y fûmes très mal reçu par les
autorités françaises et
placés dans des camps comme celui d'Argelès.
Nous avons été engagés dans des
compagnies de travail ou l'on
ne gagnait presque
rien et ou l'on
travaillait très
dur.
J’ai réparé
les rails
de chemin de fer à Persan Beaumont dans le Val
d’Oise au Nord de Paris.
On dormait dans une vieille usine gardés par des soldats
armés.
Puis vint la loi
Daladier, et on nous inculpa d’être communistes et les autorités
prirent une dizaine d’entre nous
qu’ils enfermèrent à la prison de la
Santé .
Nous étions accusés
de " trahison à la France"
et de "complot
communiste".
Le premier inculpé
fut le directeur général de la musique national
espagnol qui s’appelait
Escudéro.
Je fus le second .
Après être resté pendant environ un mois et demi
à la Santé, j’ai
été
transféré dans
le Sud dans le camp de
concentration de
Gurs .
J’ai connu Picasso
pendant le transfert entre la prison de la Santé et le camp de Gurs .
Je m'en suis échappé en compagnie de mes amis
René Magne et
Jean Ricoux le 29 Septembre 1940.
Cela faisait plusieurs jours que l’on guettait une occasion
de fuir, puis le soir du 29 Septembre, l’occasion
s’est présenté. (voir
annexes)
Nous avons été repris le lendemain à
cause d’une
dénonciation d'une personne qui nous a vu nous laver au bord
de la rivière.
Nous avons été transférés
à la Villa chagrin , la prison de
Bayonne et de là je fus envoyé dans le camps de
concentration de Mérignac
à Bordeaux.
C’était le lieu de concentration des juifs du sud
est qui
partaient ensuite vers Drancy puis en Allemagne.
Il y avait des listes qui déterminaient qui devait partir .
Papon
et le commissaire de police (qui était vache) en
étaient les responsables.
Lors de mon procès, le procureur à dit :
« c’est
dommage qu’une balle n’ait pas traversé
la nuque de cet individu »
Au camps de Mérignac quelques fois, on emmenait des gens dont on entendait
plus parler.
Certains paysans venaient choisir des travailleurs agricoles
, ils leur regardaient les dents comme les chevaux.
Nous, les républicains espagnol étions
considérés comme des
diables et les paysans regardaient si nous n’avions pas de
queue.
D’une prison à l’autre , d’un
camp de concentration à
l’autre, je fus libéré par ordonnance
préfectoral le 24 Août 44 .
Dés ma libération, j'intégrais un
réseau de résistance.
Nous avons attaqué un char allemand, puis sommes
rentrés
dans Bordeaux en Septembre à bord de ce char.
Une fois libre, il fallut trouver du travail :
J’ai été bûcheron pendant une
année puis j’ai fais les
vendanges en corrèze.
Je suis revenu à Paris ou j’y ai suivi des cours
de
sténo-dactylo .
Je résumais des livres d’économie pour
un professeur du CNAM
qui lui-même les transmettait à Monnet . Ce
personnage a lancé le traité de
Rome et l’Europe. En même temps, je
fréquentait La Sorbonne ou
j'étudiais la philologie et les sciences
religieuses.
Puis j’ai travaillé à
l’ambassade du Mexique ou je faisais
les rapports et en même temps, je recommençais
à fréquenter la vallée de
Chevreuse et c’est à ce moment-là que
j’ai connu celle qui allait devenir ma
femme un an plus tard.
Plusieurs années plus tard, et avec beaucoup de
difficultés,
nous avons eu une petite fille prénommée
Béatrice.
Cinq ans plus tard, je fus licencié du magasin de porcelaine
ou j'exerçais la profession d'agent de commerce
extérieur. Je vendais de la
porcelaine et des objets en cristal aux ambassades .
Ce fut une longue période de chômage puis la
pré-retraite
durant laquelle, je partais régulièrement
à Paris retrouver mes anciens amis de
la guerre d'Espagne .
Nous avions l'habitude de nous retrouver au café du
Dôme
près de Montparnasse et nous passions des heures a discuter
et a "refaire
le monde".
Après avoir fuit l’Espagne pendant 56 ans,je suis
retourné
sur les traces de mon enfance en Mars 1996 en compagnie de ma
nièce Mercedes et
de mon neveu Pépito (José-Luis)
Ce fut une grande émotion et une grande joie de retrouver la
maison de mes grands-parents et la grotte ou nous allions jouer.(la
cueva de
los maures)
Epilogue :
Antonio PENA est décédé d’une péritonite le 15 Octobre 2000 après avoir subit une dialyse péritonéale, pendant 3 mois et demi. Cette dialyse a été l’objet d’une très grande souffrance morale et physique, mais c'était une question de survie..
4 Août 1912 : Naissance d’Antonio PENA à Bilbao .
Ecole des commissaires de Barcelone
Ecole supérieure de la guerre è "Commandant de bataillon"
Fin 1939-1940: Travail sur les voies de chemin de fer de Persan Beaumont.
Fin Avril 1940 : Inculpation pour « Complot communiste » (Loi Daladier)
Internement à la prison de la Santé à Paris;
Puis
exode des prisonniers jusqu'à GURS
21 Juin1940 :
Internement dans le Camp de concentration de Gurs
29 Septembre 1940
Evasion
du Camp de GURS .
Octobre 1940
Internement
à la Villa chagrin (prison de Bayonne) et transfert vers le
camp de
concentration de Mérignac.
22 Août 1944 : Ordonnance préfectoral libèrant les prisonniers des camps
Aout 44 - Mars 45 : Entrée dans la Résistance de Dordogne puis intégration dans les FFI
Mars 45 -Aout 45: Bûcheron à Tarbes
Septembre 1945: Vendanges
Oct.e 45- Juillet 46: Retour à Paris Aide bibliothécaire pour le Ministère du Travail et de la SS
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