Retour page d'accueil

Autobiographie

                                                                                                                                                                                                            


Biographie datée

Autobiographie    Août 2000

                                                                                                                                                                                                                             Retour haut de la page

Je suis né il y a 88 ans ,le 4 Août 1912 à Bilbao où mes parents , Modesta et Anastasio,  étaient épiciers.
Je suis resté 3 ans chez mes parents qui avaient déjà un fils aîné , Bernard, qui avait 8 ans  et une fille, Victoria, qui avait 3 ans 
Mes parents m’envoyèrent très vite chez mon grand-père Luis à MORADILLO de SEDANO.
Mon grand père, qui avait une belle barbiche blanche était marié en seconde noce et sa femme me tolérait tout juste.
En fait, ma « grand-mère » n’était pas ma vrai grand mère, ce qui influença évidemment l’amour qu’elle avait à me donner. J’avais  plus l’impression d’être en pension qu’en famille..
A Moradillo j’ étais enfant de cœur et nous en profitions pour chiper des poires dans le jardin du curé
Mon Grand-père avait une taverne ou se réunissait tout le village le soir.
Un jour ou mes grands parents étaient partis, ma sœur et moi avions trouvé une bouteille d’anisette, c’était bon, sucré, alors on l’a bue ... et ....on est tombé dans le coma.
J’avais 7 ans et Victoria 10 ans.
Quand on s’est réveillé, on a pris le chemin de la rivière au lieu d’aller à l’école.
Des voisins nous ont ramassés et nous ont mis au lit.
Un autre jour, on a trouvé du chocolat pourri dans la cave .Et, alors que mes grands-parents étaient partis à une noce on a tout mangé et on a eu une indigestion.
De cette aventure, il m’est resté un dégoût du chocolat tel, que je n’en  ai jamais plus mangé de toute ma vie.
Notre activité favorite a Moradillo de Sédano, était d’aller fouiller dans des cavernes proches avec des bougies.
Un jour,  on est resté plus de 2 heures dans la grotte qui s’appelle « la cueva de los maures ». A notre sortie, tous le village nous attendait, très inquiet de ne pas nous trouver.
J’ai vu en tout et pour tout mon frère Bernard pendant huit jours  alors qu’il était en vacances à Moradillo de Sedano.
Il est parti de chez mes parents alors qu’il avait 18 ans puis il a été emprisonné pour vol.
Lorsqu’il revint à la maison , il n’était plus le bienvenu. Mes parents le chassèrent et mon père le renia. On eût plus jamais de nouvelles de lui.
A la mort de mon grand père, j’avais 10 ans, mes parents, qui étaient partis travailler à Paris, sont venus me chercher.
Je suis resté quelques années à Paris chez eux.  Maman était kinésithérapeute et mon père travaillait au Crédit Lyonnais.
J’étais dans un collège privé très cher et mes parents voulaient que je devienne officier de marine ,mais je trouvais ça très dur car je n’étais pas très bon en mathématiques.
Vers 1930, ma mère est tombée gravement malade et on croyait pouvoir la guérir à Barcelone Nous y sommes donc tous partis, mais les docteurs n’ont rien pu faire et elle est décédée alors que j’avais 19 ans.( en 1931)
Puis j’ai étudié dans un laboratoire de physiologie à la Sorbonne avec le professeur Henri LAUGIE. Ce personnage a été le premier directeur du CNRS  et secrétaire général adjoint de l'ONU.
Le soir, je travaillais au Crédit lyonnais , j’y effectuais un travail mineur et peu payé pour avoir de quoi vivre.
A  cette époque, j’avais 19,20 et 21 ans, je fréquentais la Sorbonne et le café Capoulade  vers le  boulevard Saint Michel ainsi que les cafés de Montparnasse ou se réunissaient les artistes et les écrivains et intellectuels de tout genre.
Nous étions plein d’étudiants qui venions d’un peu partout dans le monde : Amérique du sud, France , il y avait également quelques petits voyous.
J’ai rencontré un grand barbu et d’autres gens  très spéciaux, anarchistes, des déistes, des curés bénédictins, une faune extraordinaire avec laquelle on parlait politique et philosophie.
J’avais l’habitude  de fréquenter les milieux naturistes, théosophiques, philosophiques, spirituels… Et c’est à cette époque que je suis rentré dans la Franc-maçonnerie.

J’allais souvent au Trait d’Union, c’était un camp de naturistes de l'association « amitiés internationales » dans la vallée de Chevreuse, à quelques kilomètres  de Paris.
J’y rencontrais des intellectuels, des artistes, des hommes  politique exilés , c'est là que j'ai rencontré  Léopold Sédar Senghor, qui fut plus tard Président du Sénégal  et  a beaucoup écrit sur  « la Négritude » .
Puis j’ai été appelé  en Espagne pour faire mon service militaire à La Remonta Oubeda en Andalousie.
J’y  ai dressé des poulains pour les régiments de cavalerie de l’armée nationale..
Après mon service militaire, j’ai profité de mon voyage de retour sur Paris  pour visiter quelques villes d’Espagne, Séville, Cordoue, Malaga, Grenade, Madrid.
De retour à Paris, j’ai recommencé à fréquenter les cafés branchés et le milieu  de la Franc-maçonnerie.
Il y avait beaucoup de personnes que l’on côtoyait qui n’avait pas de domicile fixe et qui habitait les uns chez les autres tel que le peintre Atlan . Nous vivions « la bohème ».
Fin juillet 1936, j’avais 23 ans, la guerre d’Espagne a commencée, je me suis immédiatement engagé en tant que brancardier dans les troupes Républicaines Espagnoles contre Franco.
Au début, j'étais dans le service sanitaire de montagne  ou l'on transportait les blessés avec des mules là ou les ambulances ne pouvaient pas passer. Puis, du front d’Aragon, je fus appelé à l’école des commissaires de Barcelone puis ensuite à l’école supérieure de guerre.
A 23 ans j’étais nommé commandant de bataillon avec  800 hommes à mon service 4 compagnies d’infanterie un service d’intendance, un service sanitaire, des mitrailleuses etc...
Une fois la guerre terminée, Franco ayant gagné, nous, les républicains, fûmes tenus de partir et de venir nous réfugier en France .
Nous y fûmes très mal reçu par les autorités françaises et placés dans des camps comme celui d'Argelès.
Nous avons été engagés dans des compagnies de travail ou l'on ne gagnait  presque rien et ou l'on travaillait  très dur.
J’ai  réparé les rails de chemin de fer à Persan Beaumont dans le Val d’Oise au Nord de Paris.
On dormait dans une vieille usine gardés par des soldats armés.
Puis vint  la loi Daladier, et on nous inculpa d’être communistes et  les autorités  prirent une dizaine d’entre nous qu’ils enfermèrent à la prison de la Santé .
Nous étions accusés  de " trahison à la France"  et de "complot communiste". 
Le premier  inculpé fut le directeur général de la musique national espagnol qui s’appelait Escudéro.
Je fus  le second .
Après être resté pendant environ  un mois et demi à la Santé, j’ai été transféré  dans le Sud dans le camp de concentration  de Gurs  .
J’ai connu Picasso  pendant le transfert entre la prison de la Santé  et le camp de Gurs .
Je m'en suis échappé en compagnie de mes amis René Magne et Jean Ricoux le 29 Septembre 1940.
Cela faisait plusieurs jours que l’on guettait une occasion de fuir, puis le soir du 29 Septembre, l’occasion s’est présenté. (voir annexes)
Nous avons été repris le lendemain à cause d’une dénonciation d'une personne qui nous a vu nous laver au bord de la rivière.
Nous avons été transférés à la Villa chagrin , la prison de Bayonne et de là je fus envoyé dans le camps de concentration de  Mérignac à Bordeaux.
C’était le lieu de concentration des juifs du sud est qui partaient ensuite vers Drancy puis en Allemagne.
Il y avait des listes qui déterminaient qui devait partir . Papon et le commissaire de police (qui était vache) en étaient les responsables.
Lors de mon procès, le procureur à dit : « c’est dommage qu’une balle n’ait pas traversé la nuque de cet individu »
Au camps de Mérignac quelques fois, on emmenait  des gens dont on entendait plus parler.
Certains paysans venaient choisir des travailleurs agricoles , ils leur regardaient les dents comme les chevaux.
Nous, les républicains espagnol étions considérés comme des diables et les paysans regardaient si nous n’avions pas de queue.
D’une prison à l’autre , d’un camp de concentration à l’autre, je fus libéré par ordonnance préfectoral le 24 Août 44 .
Dés ma libération, j'intégrais un réseau de résistance.
Nous avons attaqué un char allemand, puis sommes rentrés dans Bordeaux en Septembre à bord de ce char.
Une fois libre, il fallut trouver du travail :
J’ai été bûcheron pendant une année puis j’ai fais les vendanges en corrèze.
Je suis revenu à Paris ou j’y ai suivi des cours de sténo-dactylo .
Je résumais des livres d’économie pour un professeur du CNAM qui lui-même les transmettait à Monnet . Ce personnage a lancé le traité de Rome et l’Europe. En même temps, je  fréquentait La Sorbonne ou j'étudiais la philologie et les sciences religieuses.
Puis j’ai travaillé à l’ambassade du Mexique ou je faisais les rapports et en même temps, je recommençais à fréquenter la vallée de Chevreuse et c’est à ce moment-là que j’ai connu celle qui allait devenir ma femme un an plus tard.
Plusieurs années plus tard, et avec beaucoup de difficultés, nous avons eu une petite fille prénommée Béatrice.
Cinq ans plus tard, je fus licencié du magasin de porcelaine ou j'exerçais la profession d'agent de commerce extérieur. Je vendais de la porcelaine et des objets en cristal aux ambassades .
Ce fut une longue période de chômage puis la pré-retraite durant laquelle, je partais régulièrement à Paris retrouver mes anciens amis de la guerre d'Espagne .
Nous avions l'habitude de nous retrouver au café du Dôme près de Montparnasse et nous passions des heures a discuter et a "refaire le monde".
Après avoir fuit l’Espagne pendant 56 ans,je suis retourné sur les traces de mon enfance en Mars 1996 en compagnie de ma nièce Mercedes et de mon neveu Pépito (José-Luis)
Ce fut une grande émotion et une grande joie de retrouver la maison de mes grands-parents et la grotte ou nous allions jouer.(la cueva de los maures)

Epilogue :

Antonio PENA est décédé d’une péritonite  le 15 Octobre 2000 après avoir subit une dialyse péritonéale, pendant 3 mois et demi. Cette dialyse a été l’objet d’une très grande souffrance morale et physique, mais  c'était une question de survie..

                                                                                                                                                                           

                                                                                                                                                                                           

Biographie datée

                                                                                                                                                                                                             Retour haut de la page

 4 Août 1912     :           Naissance d’Antonio PENA à Bilbao .

 1915                :           Départ à Moradillo de Sédano chez le grand-père Luis DIAZ .

 1922                :           Décès du Grand-père et départ pour Paris chez ses parents.

 1931                :           Décès de sa mère  Modesta DIAZ.

 de 1928 à 1933 :          Etudes de Physiologie à la Sorbonne et petit boulot au Crédit Lyonnais.

 1934                :           Service militaire à La remonta Oubeda . Dressage de poulains .

 De 1935 à 1936 :          Retour à Paris et vie bohème .

 Fin juillet 1936 :            Engagement dans les troupes républicaines espagnoles (brancardier)

                                    Ecole des commissaires de Barcelone

                                    Ecole supérieure de la guerre è  "Commandant de bataillon"

 Avril  1939     :            Fin de la guerre d’Espagne – Retour en France Via le camp d'Argelès su Mer

Fin 1939-1940:             Travail sur les voies de chemin de fer de Persan Beaumont.

Fin Avril 1940 :            Inculpation  pour « Complot communiste » (Loi Daladier)

                                   Internement à la prison de la Santé à Paris;

                          Puis exode des prisonniers jusqu'à GURS

21 Juin1940    :             Internement dans le Camp  de concentration de Gurs

29 Septembre 1940      Evasion du Camp de GURS .

Octobre 1940               Internement à la Villa chagrin (prison de Bayonne) et transfert vers le  camp de concentration de  Mérignac.

22 Août 1944 :            Ordonnance préfectoral libèrant les prisonniers des camps

Aout 44 - Mars 45 :     Entrée dans la Résistance de Dordogne puis intégration dans les  FFI

Mars 45 -Aout 45:       Bûcheron à Tarbes

Septembre 1945:         Vendanges                                                                 

Oct.e 45- Juillet 46:     Retour à Paris  Aide bibliothécaire pour le Ministère du Travail et de la SS

 Nov 46- Mars 47:       Employé de Bureau.  pour le Ministère de la guerre:     Traductions et résumés de livres d’économie pour Monnet

 Mai 47 -Jan 48           Employé d'approvisionnement chez Zang et Compagnie 

 .Jan 48 - Juillet 48      Formation de sténo-dactylo

Juillet 48 -sept 48       Secrétaire sténo-dactylo chez Electro-Eclair

Sept-48 - Fév. 1952   Emploi de secrétaire particulier à l’ambassade du Mexique


24 Mai 1949   :          Mariage avec Suzanne Germaine GANIVET.


Mars 52- Juin 68:       Emploi en tant que secrétaire, puis Chef du service exportation  dans  3 magasins de porcelaine

            Limoges Unic Rue de Paradis à Paris

            Editions de Paradis  Rue de Paradis à Paris

 Février 1963   :           Naissance de sa fille Béatrice.

 30 Juin 1968   :           Licenciement économique .

 Avril  69- Aout 72:      Emploi en tant que Responsable de l'exportation  à la société Marin puis

                                  A nouveau Rue de Paradis à Limoges Unic

 Août 1972      :           Chômage puis retraite.

 Septembre 1996:        Déménagement pour Nîmes. Premier retour en Espagne depuis 1939.

 15 Octobre 2000        Décès d’Antonio PENA DIAZ  à l’age de 88 ans .

 Retour page d'accueil                                                                                                                                                                                                                Retour haut de la page